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Le rôle de CTO démystifié

Objectif : Clarifier ce qu’est vraiment un CTO

Alors, c’est quoi exactement un CTO ? Si vous posez la question à 10 personnes, vous aurez 12 réponses différentes. Et c’est bien là le problème.

Le titre de CTO (Chief Technology Officer) est devenu le fourre-tout ultime du monde tech. Un peu comme le poste de “Responsable Digital” dans les entreprises traditionnelles : ça veut tout dire et rien dire à la fois.

Mais rassurez-vous, on va démêler tout ça ensemble.

CTO vs Lead Dev vs VP Engineering : les différences

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Le Lead Developer : le chef d’orchestre technique

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Le Lead Dev, c’est encore largement un développeur. Il code, il review, il prend les décisions techniques au quotidien. C’est le développeur le plus expérimenté de l’équipe, celui vers qui on se tourne quand ça casse le vendredi soir.

Ce qu’il fait concrètement :

  • Code encore 60-70% de son temps
  • Encadre techniquement 3-8 développeurs
  • Fait les choix d’architecture sur les projets
  • Review le code et garantit la qualité
  • Forme les développeurs juniors

Ses préoccupations : “Comment on implémente cette fonctionnalité ?” / “Pourquoi ce bug est apparu ?” / “Cette PR est-elle propre ?”

Le VP Engineering, c’est le manager pur. Il s’occupe des gens, des processus, de l’organisation. Il peut avoir une background technique, mais son job, c’est de faire en sorte que l’équipe fonctionne bien.

Ce qu’il fait concrètement :

  • Manage 20-50+ personnes (souvent via des managers intermédiaires)
  • Définit les processus de développement
  • Gère les carrières et les recrutements
  • Fait le lien avec les RH et le management
  • S’assure que les projets sont livrés en temps et en heure

Ses préoccupations : “L’équipe est-elle motivée ?” / “Nos processus sont-ils efficaces ?” / “Comment on scale l’organisation ?”

Le CTO, c’est un peu le pont entre le technique et le business. Il doit comprendre les enjeux techniques ET savoir les traduire en valeur business. C’est lui qui définit la stratégie technique à moyen/long terme.

Ce qu’il fait concrètement :

  • Code 0-20% de son temps (et encore, souvent pour du prototypage)
  • Définit la vision et la stratégie technique
  • Prend les décisions d’architecture à haut niveau
  • Evangélise en interne et externe
  • Interface avec les autres C-levels (CEO, CPO, CFO…)

Ses préoccupations : “Cette techno nous permettra-t-elle de scaler dans 2 ans ?” / “Comment on fait pour aller 10x plus vite ?” / “Quel impact cette décision technique aura sur le business ?”

Dans une startup de 5 personnes, le “CTO” fait souvent tout : il code, il manage, il fait les choix techniques, il parle aux investisseurs, et il sort les poubelles le vendredi. C’est normal, mais il faut comprendre que ce n’est pas durable.

Le problème, c’est que beaucoup gardent cette mentalité même quand l’entreprise grandit. Résultat : burn-out, frustration, et équipe qui stagne.

Les différents types de CTO selon la taille/secteur

Section titled “Les différents types de CTO selon la taille/secteur”

Il n’y a pas UN seul type de CTO. Votre rôle va largement dépendre du contexte de votre entreprise.

Profil : Le couteau suisse technique

Vous êtes encore largement dans l’exécution. Vous codez beaucoup, vous prenez des décisions rapides, vous portez l’architecture sur vos épaules. Vous êtes probablement co-fondateur ou premier employé technique.

Votre quotidien :

  • 40-60% de code
  • Choix techniques rapides et pragmatiques
  • Recrutement direct des premiers développeurs
  • Architecture simple mais qui fonctionne
  • Communication directe avec le CEO (souvent votre co-fondateur)

Vos défis :

  • Faire les bons choix techniques pour le futur sans over-engineer
  • Recruter les premiers talents avec un budget serré
  • Poser les bases d’une culture technique saine
  • Gérer la pression du “tout pour hier”

Exemple concret : Chez iBubble, j’étais dans ce mode. Je codais l’algorithme de suivi par sonar, je concevais l’architecture du drone, je gérais l’équipe de 2 développeurs, ET je pitchais devant les investisseurs. C’était intense, mais c’est comme ça qu’on apprend vite.

Profil : L’architecte organisationnel

Vous sortez de l’exécution pure pour entrer dans la structuration. C’est probablement la phase la plus difficile : vous devez apprendre à déléguer sans perdre le contrôle.

Votre quotidien :

  • 10-30% de code (souvent du prototypage)
  • Mise en place de processus scalables
  • Recrutement de vos premiers managers techniques
  • Refactoring de l’architecture monolithique
  • Présentation régulière devant le board

Vos défis :

  • Refactoriser le legacy sans arrêter le business
  • Structurer les équipes (feature teams, squads…)
  • Définir une architecture technique claire
  • Former vos premiers Lead Developers
  • Gérer la croissance de l’équipe (doubler tous les 6 mois)

Exemple concret : Chez MAX Digital Services (même si c’était une société de service), on est passé de 0 à 12 personnes en 18 mois. J’ai dû apprendre à structurer l’agence, créer des processus, tout en gardant l’agilité startup. J’ai codé de moins en moins, mais j’ai passé de plus en plus de temps à coacher les équipes.

Profil : Le dirigeant technique

Vous êtes maintenant un vrai C-level. Vous gérez des budgets conséquents, vous avez des dizaines de managers sous vous, vous participez à la stratégie globale de l’entreprise.

Votre quotidien :

  • 0-10% de code (quand vous avez le temps)
  • Définition de la stratégie technique long terme
  • Management de VPs et Directors
  • Budget et investissements technologiques
  • Représentation externe (conférences, partenariats)

Vos défis :

  • Garder une vision technique dans l’organisation
  • Gérer des budgets de plusieurs millions d’euros
  • Aligner technique et stratégie business
  • Gérer la politique interne et les conflits
  • Rester pertinent techniquement sans coder

Exemple concret : Chez Hiveo, pendant la fusion, il a fallu synchroniser plusieurs équipes techniques réparties sur 2 entités et sur 2 pays. Mon job était de définir avec eux l’architecture unifiée post-fusion, de présenter la stratégie technique aux équipes en France et de faciliter la communication entre 2 cultures IT différentes.

Certains secteurs ont leurs spécificités :

Fintech : Sécurité et compliance avant tout. Vous passerez énormément de temps sur la conformité réglementaire.

E-commerce : Performance et scalabilité. Black Friday is coming!

IoT/Hardware : Contraintes physiques et intégration. Quand votre bug peut littéralement prendre feu…

IA/ML : Gestion de la donnée et des modèles. Votre infrastructure coûte une fortune et personne ne comprend pourquoi.

Evolution du rôle avec la croissance de l’entreprise

Section titled “Evolution du rôle avec la croissance de l’entreprise”

Voici comment votre rôle va probablement évoluer :

  • Focus : Construire le produit
  • Temps de code : 70-80%
  • Préoccupation principale : “Est-ce que ça marche ?”
  • Décisions : Rapides, techniques, réversibles
  • Focus : Construire l’équipe
  • Temps de code : 40-60%
  • Préoccupation principale : “Comment on fait pour aller plus vite ?”
  • Décisions : Architecture, recrutement, processus
  • Focus : Construire l’organisation
  • Temps de code : 10-30%
  • Préoccupation principale : “Comment on scale sans péter ?”
  • Décisions : Structure, budget, stratégie
  • Focus : Construire la vision
  • Temps de code : 0-10%
  • Préoccupation principale : “Où on va dans 3 ans ?”
  • Décisions : Investissements, partenariats, M&A

De 1 à 2 : Accepter de moins coder. C’est dur, mais c’est nécessaire.

De 2 à 3 : Apprendre à manager des managers. Vous ne pouvez plus tout contrôler directement.

De 3 à 4 : Devenir un vrai business leader. La technique devient un moyen, pas une fin.

Chaque transition est un petit deuil. J’ai mis des mois à accepter de moins coder quand j’ai créé MAX Digital Services. Mais c’est le prix à payer pour avoir un impact plus grand.

Checklist : “Suis-je prêt.e à devenir CTO ?”

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Soyons honnêtes : personne n’est jamais 100% prêt à devenir CTO. Mais voici les signaux qui indiquent que vous pourriez y arriver :

  • Je comprends les enjeux d’architecture à haut niveau
  • J’ai déjà conçu et maintenu un système en production
  • Je sais évaluer la qualité du code sans forcément tout lire
  • Je comprends les implications business des choix techniques
  • J’ai déjà géré une crise technique majeure
  • Les développeurs viennent me voir spontanément pour des conseils
  • J’arrive à expliquer des concepts techniques à des non-techniques
  • J’ai déjà formé ou mentoré d’autres développeurs
  • Je sais dire “non” quand il faut
  • J’accepte de ne pas avoir raison tout le temps
  • Je comprends le business model de mon entreprise
  • Je sais chiffrer grossièrement l’impact d’une décision technique
  • J’ai déjà participé à des discussions budget/ROI
  • Je comprends les enjeux utilisateurs de mon produit
  • Je sais prioriser selon la valeur business
  • On me demande mon avis sur les décisions importantes
  • J’arrive à motiver une équipe dans les moments difficiles
  • Je sais déléguer sans perdre le fil
  • J’accepte les critiques et je sais en tirer des leçons
  • Je prends des décisions même avec des informations incomplètes
  • Je reste calme quand tout va mal
  • Je sais gérer plusieurs priorités en parallèle
  • J’accepte d’être responsable des échecs de l’équipe
  • Je ne prends pas les conflits personnellement
  • J’ai un équilibre vie pro/perso (relativement) sain

15-20 ✅ : Vous êtes probablement prêt.e, ou au moins vous ne vous planterez pas complètement.

10-14 ✅ : Vous avez les bases, mais il va falloir bosser sur certains aspects. C’est faisable.

5-9 ✅ : Vous avez encore du chemin. Peut-être viser d’abord un poste de Lead Developer ?

0-4 ✅ : Restez développeur encore un peu, vous avez le temps ! 😅

Si vous avez coché 18 cases sur 20 et que vous vous dites quand même “je ne suis pas prêt.e”, c’est normal. C’est même plutôt bon signe : ça veut dire que vous avez conscience de l’ampleur du défi.

Les pires CTOs que j’ai rencontrés étaient ceux qui pensaient tout savoir. Les meilleurs étaient ceux qui doutaient, qui posaient des questions, qui continuaient d’apprendre.

  1. Il n’y a pas UN seul type de CTO. Votre rôle dépend de votre contexte (taille, secteur, culture d’entreprise).

  2. Le rôle évolue avec l’entreprise. Ce qui marche à 10 personnes ne marchera pas à 100.

  3. Vous ne coderez plus autant. Et c’est OK. Votre impact sera ailleurs.

  4. Personne n’est jamais complètement prêt. Mais si vous cochez 75% des cases, vous avez vos chances.

  5. Le plus dur, c’est d’accepter de ne plus tout contrôler. Apprendre à faire confiance et à déléguer, c’est votre premier défi.

Dans le prochain chapitre, on va justement parler de cette fameuse transition : comment passer du développeur qui contrôle tout au manager qui fait confiance. Spoiler alert : ça fait mal, mais ça vaut le coup.


“Être CTO, c’est comme être parent : personne ne sait vraiment ce qu’il fait, mais avec de l’amour et du café, ça finit par marcher.”